De l’émotion-faiblesse à l’émotion-ressource…

Présentation d’un modèle thérapeutique et d’outils pour nourrir et développer notre vie émotionnelle.

« Cesse de pleurer, t’es plus un bébé! », « Hou ! il est amoureux ! », « Tu te laisses avoir par tes émotions, fais attention », « A un tel poste, on ne montre pas ses faiblesses…», ou encore l’indispensable «arrête de te pleurer, ça ne sert à rien !». Toutes ces expressions auxquelles tout un chacun a dû faire face dès sa plus jeune enfance et jusqu’à aujourd’hui dans sa vie quotidienne sous des formes peut-être aujourd’hui plus subtiles ne refont finalement et inlassablement répéter qu’une seule chose : nos émotions constituent une faiblesse dont il faut se départir le plus rapidement possible. A défaut, nous risquons de rencontrer de grosses difficultés à réussir notre vie ou à être accepter parmi nos semblables. Se méfier de ses émotions et s’en éloigner le plus vite possible semble être donc une sorte d’axiome du bon développement humain sur une échelle allant du bébé qui pleure sans raison à l’adulte qui contrôle ses émotions et sait se prémunir d’un retour impromptus de ces dernières… En définitive, nous en sommes encore toujours à valoriser l’image fictive d’un humain débarrassé de sa vie émotionnelle tels les héros actuels des enfants et adolescents.

 

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Figures emblématiques de héros marqués par une vie émotionnelle quasi inexistante

Peut-être me direz-vous que cela est exagéré, que ce temps est dépassé, que les hommes pleurent aujourd’hui (certains diront un peu trop, quand même…)… Certes, les magazines (surtout féminins...) ne sont pas avares en articles en psychologie positive ou humaniste mettant en avant la nécessité d’exprimer ses émotions, que ce soit pour les enfants, les relations de couples se risquant même à titiller les milieux de travail… Mais êtes-vous vraiment si sûr que l’expression des émotions a réellement perdu, dans la vie réelle, cette dimension négative, voire fautive ? Voyons-nous souvent des gens pleurer dans les représentations du monde de l’entreprise ? Oui, certainement pour signaler une difficulté, une faiblesse, un problème comme dans ces images de « subalternes » qui craquent sous trop de pression. Mais rencontre-t-on de telles représentations pour ceux et celles qui occupent des rôles plus valorisés comme ceux placés plus haut dans la hiérarchie ? Et pourtant en ont-ils ou elles réellement moins envie ou besoin ?

Et pourquoi donc savoir consoler quelqu’un se résume encore souvent à lui dire d’arrêter de pleurer ? Pourquoi craint-on toujours un peu que la tristesse issue d’un décès nous entraîne subrepticement vers la dépression ? Pourquoi assimile-ton encore trop souvent les colères des enfants à un caprice qu’il faut réprimander sous peine de se « faire avoir » ou qu’ils deviennent insupportables plus tard ? Et pourquoi enfin, avouons-le, sommes-nous encore tenté de cacher cette larme qui survient lors d’un film émouvant même devant son ou sa conjointe ou un-e ami-e ?

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Les réponses à ces questions confortent l’idée que les émotions n’ont nullement perdu cette mauvaise réputation et la gène qui les entourent. Dix ans de pratique en cabinet m’en ont encore apporté la preuve vivante et touchante. Et cela d’autant plus qu’on peut fait l’hypothèse que la population qui y vient fait partie des personnes les moins « éloignées » de leur sphère émotionnelle. Pourtant, la plupart d’entre eux viennent effectivement pour des raisons qui ne s’énoncent nullement de prime abord ainsi. Derrière la notion un peu floue de « stress » avec laquelle nombre de mes patient-e-s formulent la raison de leur venue, se cachent en réalité le plus souvent une problématique émotionnelle ou plus précisément une tension émotionnelle provoquant du stress.

La prise de conscience de cette réalité-là m’a amené peu à peu à lui donner toute sa place dans mes soins de Shiatsu notamment en termes d’écoute et de prise en charge du phénomène. S’est posé alors la question de la manière d’intégrer pleinement cette problématique émotionnelle dans un soin de shiatsu qui fait du corps et de la circulation énergétique ses bases les plus évidentes ? Concrètement, cela s’est fait progressivement en repérant chez mes patient-e-s les récurrences entre les zones de tensions et de douleurs, les émotions qui accompagnaient les moments de vie difficiles qu’ils traversaient et les déséquilibres énergétiques observés chez eux. Ainsi, s’est construit empiriquement et au fil des séances et des années une sorte de modèle de compréhension du processus émotionnel ayant le corps comme terrain d’inscription que l’on va présenter ici.

Ce modèle s’est forgée peu à peu sur mon savoir initial en médecine chinoise renforcée et bien évidemment au cours de mes lectures. Mais l’énergétique chinoise n’a pas été l’unique source de connaissance. Les avancées récentes en neurosciences, la notion de chakra issue de la tradition thérapeutique indienne, la découverte et la pratique de la méditation de pleine conscience tout autant que les courants de psychologie humaniste comme la Communication Non-Violente ou encore des outils de libération émotionnelle ont contribué chacun à leur manière à nourrir et à faire mûrir activement ce modèle.

Sans doute, faut-il rajouter que ces dix ans de pratique de soin en cabinet et de recherches plus théoriques se sont enrichis d’une expérience plus personnelle de parentalité qui a nourri ma réflexion et la demande – parfois pressante – d’expérimentation d’outils très concrets pour répondre aux défis quotidiens de la vie familiale. C’est d’ailleurs auprès de mes enfants que j’ai peut-être le plus clairement compris qu’il fallait dépasser de ce qu’on pourrait appeler une vision de « l’émotion-faiblesse » pour aller vers celle de « l’émotion-ressource ». Il m’a semblé que cela en était la condition sine qua non pour les écouter, les comprendre et les accompagner au mieux dans leur développement, eux qui m’offraient avant tout leurs émotions comme porte d’entrée à leurs attentes et besoins.

Le retour sur ces dix années de cheminement sur cette problématique émotionnelle m’ont donné envie de mettre par écrit ce modèle évidemment imparfait et en cours d’évolution. Cela me permettra, je l’espère, de le stabiliser par la précision que demande le processus d’écriture. Mais le but premier sera, toutefois comme pour les autres articles de ce blog, de proposer au final des outils concrets permettant de se réapproprier notre santé au sens large et ici principalement sous son angle émotionnel. Il s’agira de permettre l’amélioration de la compréhension notre propre sphère émotionnelle et de favoriser la mise en œuvre pratique du passage de ce que nous avons nommé précédemment « une vision de l’émotion-faiblesse à l’émotion ressource ».

La présentation de ce modèle se fera progressivement par la publication successives de textes. Le premier de ces textes s’attachera à définir ce qu’est une émotion en en traçant les grandes caractéristiques. Le suivant cherchera à préciser la fonction de l’émotion en l’inscrivant notamment dans ses liens avec nos besoins de base. Nous poursuivrons l’explication de ce modèle par décrire la carte des chakras tel que nous l’utilisons pour constituer en quelque sorte le terrain d’expression corporelle des émotions.

Une fois établie cette première carte, nous poursuivrons en décryptant cette  dynamique des émotions dans les différents chakras (la montée et le raffinement énergétique des émotions le long des différents chakras quand nous faisons de nos émotions une ressource plutôt qu’une marque de faiblesse) puis a à expliciter les tensions et blocages qui surviennent dans le corps lorsque nous empruntons la voie « des émotions-faiblesses ». Nous illustrerons ce modèle pour une série de textes abordant différents thèmes que nous rencontrons régulièrement en séances comme l’anxiété, les brûlures d’estomac, les douleurs chroniques du ventre, les tensions dans les épaules. Nous poursuivrons plus encore en éclairant à partir du point de vue élaboré dans ce modèle, différents thèmes plus larges tels que le Burn-out, la difficulté à faire des choix de vie, le travail sur des blessures émotionnelles profondes et/ou anciennes, les blessures émotionnelles au travers des normes sociales  et notamment celles liées au genre, ou encore le processus de cheminement vers soi.

Voulant être fidèle au principe que ce blog, à savoir qu’il soit le lieu de transmission d’outils concrets sur les sujets abordés, nous publierons, parallèlement aux différents textes, une fiche pratique permettant de mettre en œuvre le sujet abordé. Sans attendre les prochains textes, nous vous proposons donc de commencer à travailler cette problématique émotionnelle dès aujourd’hui au travers d’une première fiche pratique, téléchargeable ici, dont l’objectif est de construire les conditions propices à une écoute de ses propres émotions, conditions peu favorisées par nos modes de vie actuelles.

Sans nul doute, les personnes rencontrées lors de mes soins de Shiatsu reconnaîtront ici, je l’espère tout du moins, bien des choses entendues et des outils mise en œuvre lors de nos rencontres régulières. Ces moments avec elles furent et demeurent sans nul doute le creuset principal de ce modèle thérapeutique présentée dans cette série de textes. Qu’elles en soient remerciées ici.



1 thought on “De l’émotion-faiblesse à l’émotion-ressource…”

  • Merci pour votre message. Je suis à Rennes et je participe depuis cette année à la méditation en groupe.Je suis tres émotive et cela me fait du bien.J’ai eu quelques soins de votre discipline et je trouve cela tres bien aussi.Je^pense en effet qu’ une personne sensible et émotive peut , en travaillant sur elle meme, arriver à utiliser cela en positif.J’ai un petit fils qui a 5 ans et il s’exprime beaucoup par la colère. Les parents sont épuisés.Pensez-vous que vos soins pourraient l’aider??Je vous remercie de votre réponse . Mme Rolland

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