La décharge émotionnelle, un outil pour mieux gérer le stress et ses émotions

La décharge émotionnelle, un outil pour mieux gérer le stress et ses émotions

Voici donc un nouvel article concernant la notion de décharge émotionnelle, un outil extrêmement utile pour apprendre à gérer aux mieux ses émotions.

Dépasser l’alternative  « réaction / rétention » émotionnelle dans la gestion de nos émotions.

La décharge émotionnelle est un processus naturel qui permet de réguler en évacuant les tensions internes survenues suite à des situations émotionnelles compliquées. Lorsque nous vivons une situation de stress provoquée par un évènement extérieur, notre organisme va se mobiliser instinctivement d’une part, en produisant un surplus d’énergie pour nous préparer à répondre à cette situation sur un mode « action/réaction » (énergie musculaire) et, d’autre part, en nous informant (sous forme d’émotions) sur ce qui, chez nous, est mis en difficulté par cette situation de stress.

Dans la plupart des situations difficiles que nous connaissons, nous avons appris à ne plus réagir instinctivement dans cette logique d’action/réaction. La vie en société rend celle-ci de moins en moins légitime et on peut penser que cela constitue une avancée. En effet, au regard de la complexité des situations que nous devons gérer, cette logique «action/réaction» a perdu  de fait en grande partie sa pertinence. Celle que nous privilégions désormais le plus souvent consiste à élaborer des réponses plus « réfléchies » ou plus «stratégiques », mettant notre mental au centre du jeu.

Une émotion, ou quand le corps nous informe qu’une besoin de base est malmené

Pour mieux répondre aux situations de stress, nous pensons qu’il faut sortir de ces deux manières de procéder (réaction/rétention) en étant partisan d’accorder du temps et de l’attention aux émotions qui surviennent dans ces situations difficiles. Et ceci pour deux raisons simples : d’une part, pour limiter le niveau de tension interne produit par cette rétention énergétique, et d’autre part, parce ce qu’elles ont des choses à nous dire. En étant dans une pure logique réactive (action/réaction), ou en la réprimant, nous risquons de ne pas bien entendre ce qu’elle a a nous dire… Oui, car les émotions, ne sont pas là pour nous embêter, nous faire perdre la face ou nous rappeler que nous ne sommes pas à la hauteur. Elles ont une fonction bien précise : nous alerter qu’un (ou plusieurs) de nos besoins de base n’est plus satisfait : par exemple, si je ressens de la peur, c’est que mon besoin de sécurité est en difficulté.

Si nous avions l’habitude d’accorder du temps et de la légitimité à nos émotions, nous aurions aisément accès à cette information. Mais comme nous le soulignons plus haut, privilégier la seule stratégie mentale face aux situations de stress nécessite de fait de mettre à distance, de réprimer notre sphère émotionnelle. Cela se retrouve de manière plus globale au niveau de la société tout entière au travers du discrédit permanent que notre société impose à notre sphère émotionnelle pour asseoir la domination de l’intellect.


« La gestion de nos émotions consiste le plus souvent bien plus à évacuer la tension émotionnelle qu’à résoudre le problème à l’origine de la survenue de l’émotion ».

Un des effets conséquents de cette manière de procéder est que cette tentative de réponse plus « réfléchie » va être souvent déviée de son objectif premier vers une toute autre finalité: on ne va pas chercher à répondre à la satisfaction du besoin en difficulté qui s’exprime par la survenue de l’émotion (par exemple satisfaire notre besoin de retrouver de la sécurité en cas d’émotion de peur). On va surtout tenter de se débarrasser de cette tension produite par la rétention émotionnelle… Bref, faute d’écouter ou d’accueillir nos émotions, nos réponses consistent bien souvent d’abord à chasser le symptôme (la tension émotionnelle) plutôt que de répondre à la cause réelle sous-jacente (satisfaire un besoin de base en difficulté). 

Une stratégie mentale qui aboutit souvent au ressassement et à l’inaction

Plus embêtant encore, cette manière de gérer nos émotions va produire un autre effet négatif : le ressassement. En effet, si la réponse mise en œuvre ne satisfait pas ce besoin de sécurité, la peur va de nouveau revenir frapper à notre porte, faute d’avoir été bien entendue, et souvent un peu plus fortement…. On va alors être tenté le plus souvent d’élaborer une nouvelle stratégie d’action, pour repasser à l’action ensuite, qui risque, elle aussi, de manquer de pertinence. Et ainsi de suite… Faute de réponses adéquates, ce cycle risque de se reproduire à l’infini et, on va assez vite, de fait, de moins en moins passer à l’action et de plus en plus passer son temps à élaborer de nouvelles stratégies (de moins en moins pertinentes…). On aboutit ainsi à une situation où l’on s’enferme dans le mental, ce qu’on appelle le ressassement ou la rumination. Ça tourne en rond dans sa tête, rien ne s’arrange et on s’enfonce dans l’impuissance… qui en retour nourrit l’anxiété et la peur… Nous voilà bien !

La décharge émotionnelle, c’est quoi au juste?

Une solution pour sortir de ce cercle vicieux est de se délester de cette tension émotionnelle pour être en capacité, dans un second temps, d’écouter et d’entendre avec un minimum de sérénité, ce qui est là, l’information qui s’exprime… Ça tombe bien car nous sommes justement équipés d’un outil qui fonctionne très bien et qui s’appelle la décharge émotionnelle mais qui, là aussi, a été largement dévalorisé par notre éducation (famille et école…) et qu’on nous a sommé de laisser dans un coin.

La décharge émotionnelle est donc le processus consistant à évacuer la charge émotionnelle bloquée à l’intérieur de nous-mêmes et qui nous met en tension. Il suffit de regarder comment un bébé décharge ses émotions par ses cris et pleurs en cas de difficultés pour comprendre ce dont il s’agit et d’observer comment sa détresse passagère disparaît en même temps que la fin de ses pleurs pour être remplacé par sa joie de vivre habituelle. Bien sûr, nous ne sommes plus des bébés, mais on pourrait dire qu’il serait sain et utile pour nous de le redevenir de temps en temps pour remettre en marche cet outil, non plus n’importe comment, mais dans un cadre sécurisant, défini et que l’on choisit nous-mêmes.

« La décharge émotionnelle sauvage »

Chez l’enfant, la décharge émotionnelle sauvage, c’est ce que l’on appelle aussi « le symptôme du biscuit cassé  » : l’enfant rentre de l’école chez lui de bonne humeur et prend son goûter. Là, un évènement anodin arrive : son biscuit se casse en deux et tombe par terre : le psychisme de l’enfant profite de cet évènement anodin pour ouvrir les vannes : c’est la catastrophe : les cris et pleurs arrivent comme si le pire des malheurs était arrivé.

En réalité, l’enfant est en train de décharger sa journée à l’école remplie de contraintes, de bruits, de disciplines pas très compatibles avec ses besoins physiologiques d’enfant ou de relations pas toujours tendres dans la cour de l’école. Lorsqu’il fait cela, l’enfant prend en réalité soin de sa santé psychique. « Vous lui demander de se calmer, mais cette crise EST sa manière de se calmer » comme nous le rappelle Isabelle Filliozat… Une fois finie cette décharge émotionnelle, il oublie très rapidement cet évènement et passe à autre chose en retrouvant sa joie de vivre et son envie de dévorer la vie….

En réalité, nombre d’adultes, même s’ils se vantent de « maîtriser leurs émotions » ressemblent bien souvent encore à des « bébés » à ce niveau-là, en faisant ce que l’on peut appeler des « décharges émotionnelles sauvages ». Il s’agit d’une décharge émotionnelle qui ne dit pas son nom, mal gérée et qui s’abat le plus souvent sur une personne de notre entourage qui n’a que rarement quelque chose à voir dans l’origine de la tension. Nous, parents, faisons ça régulièrement sur nos proches et sur nos enfants en premier lieu : on rentre du boulot fatigué, stressé, sous tension…

En intégrant un lieu où l’on se sent en sécurité (chez soi….), notre psychisme va chercher la moindre occasion pour se délester de cette tension interne en « craquant » : ça peut être un jouet mal rangé, un pleurs qui vient au mauvais moment, une remarque très légèrement désobligeante de son ou sa conjoint-e : et hop ! On balance sa tension comme ça…. Ne culpabilisez pas trop, on fait tous et toutes ça à un moment ou à un autre… Le plus important est de comprendre ce dont il s’agit lorsqu’on se permet de faire ça, de s’excuser de l’avoir fait auprès des personnes concernées et évidemment d’éviter de recommencer…

Une éthique de la décharge émotionnelle

On ne peut pas en vouloir à l’enfant de se délecter ainsi de sa décharge émotionnelle, c’est un enfant. Chez ce dernier, il faut même l’encourager à le faire, l’accompagner, lui dire qu’elle est légitime (oubliez donc cette notion de caprice qui n’est souvent qu’un mot-réflexe de parents pour ne pas écouter son enfant….) …. et surtout lui donner un sens : « tu te mets en colère car ça été dur à l’école aujourd’hui… Vas-y pleurs, cris dans mes bras, je suis là pour ça, je suis là pour toi…. ». Une fois fini, si l’enfant est assez grand, vous pouvez l’inviter à évoquer avec vous, en paroles cette fois, ce qui a été difficile pour lui…

« Disons-le clairement : on ne décharge pas sur les autres ses propres tensions émotionnelles,. C’est même sans doute une bonne définition de ce qu’est être un adulte responsable… »

Pour les adultes, qui sont des adultes et non plus des enfants, il y a sûrement une éthique de la décharge émotionnelle à développer. Disons-le clairement : on ne décharge pas sur les autres ses propres tensions émotionnelles, que ce soit ses proches, ses collègues ou encore les personnes placées sous notre responsabilité… A ce niveau-là, il y aurait sans doute toute une réflexion à mener comment sont utilisées (et recherchées par certains ou certaines) les positions hiérarchiques qui justifient de s’autoriser cette décharge émotionnelle sauvage sur les personnes qui sont hiérarchiquement en-dessous de soi. Cela est évidemment éthiquement inadmissible et insupportable.

Organiser un temps pour décharger ses tensions émotionnelles

Nous pouvons même formuler une autre chose : pour une grande part, être un-e adulte responsable, c’est faire ceci : prendre conscience de ses tensions émotionnelles internes et organiser, lors des moments et d’espaces sécurisés dédiées à cela, des exercices durant lesquels nous pourrons mettre en œuvre cette décharge émotionnelle. A la fois, pour ne pas faire « payer » sa tension émotionnelle interne sur des personnes qui ne sont pas responsables de celle-ci, et d’autres part, pour ensuite pouvoir gérer rationnellement les situations compliquées auxquelles on fait face….

La décharge émotionnelle, comment faire ?

Techniquement, la décharge émotionnelle n’est pas très compliquée : il faut organiser un moment et un temps sécurisé, c’est-à-dire où l’on se sent bien et où l’on ne risque pas d’être dérangé et de déranger les autres. C’est souvent chez soi que l’on est le plus en sécurité : c’est donc là qu’on peut le plus facilement le mettre en place, dans sa chambre, dans son salon, en tout cas dans un espace où l’on se sent bien, en sécurité… Ça peut être aussi en pleine campagne, en forêt, sur une plage déserte. A vous de voir ce qui est possible ou le mieux pour vous….

Ensuite, tout simplement, il faut crier pour sortir ce qui est bloqué…. On peut commencer par taper sur un coussin puis une fois bien énervé-e, commencer à crier (dans un coussin, ça sécurise de ne pas être entendu par nos proches ou nos voisins : voir à ce titre, l’exercice du Cri du Cœur évoqué plus bas…) ). Reprenez votre respiration et recommencer.

Lors de cet exercice, vous pouvez penser à ce qui vous contrarie, irrite… Les petites comme les grosses agressions que vous avez subies, la sensation de stress, d’étouffement, le fait d’en avoir marre, d’être coincé-e dans une situation, de ne pas avoir son propre espace, de ne pas réussir ce que vous entreprenez, de ne pas être respecté-e… Tout ceci peut être là… et encore plus… Il faut crier ce qui est là, rien de plus, mais rien de moins…

S’il est parfois facilitant de penser aux situations difficiles, il faut toutefois faire attention à rester dans la sensation et non pas « monter dans le mental » en verbalisant trop les situations. On a souvent tendance à argumenter et justifier notre colère ou notre frustration plutôt que de la ressentir ou de l’exprimer corporellement… Non, il faut que ça sorte, comme ça vient…

Vous pouvez faire cet exercice 2mn par jour dès que vous sentez que vous êtes sous tension émotionnelle (c’est-à-dire dès que vous avez vécu une situation de stress et que vous n’avez pas pu exprimer ou évacuer de suite l’émotion qui n’a pas manqué de survenir dans cette situation…).

Pour travailler plus profondément et aborder des blocages ou des blessures plus anciennes, il est recommandé d’organiser ces moments de décharges émotionnelles dans un cadre thérapeutique précis, préalablement défini et sécurisant pour être en capacité à la fois de s’autoriser à sortir les choses et être soutenu pour les réceptionner et les accueillir… C’est un des objectifs du « Shiatsu d’accompagnement » que nous pratiquons au cabinet. N’hésitez pas à nous contacter si vous en ressentez le besoin…

De la bonne utilisation de la grossièreté et de l’insulte…

La plus grosse difficulté, c’est de s’autoriser à sortir ce qui est coincé. Et si c’est coincé (et ça se coince souvent dans la gorge, chakra de l’expression…), c’est que ça été coincé par toutes ces injonctions sociales qui nous ont dit « qu’il faut se contrôler », que ce n’était pas bien de crier, de pleurer, de se plaindre, de sortir de la place qu’on nous a allouée comme enfant, élève, conjoint-e, salarié-e, ou encore comme parent, etc… Ces injonctions sociales (les fameuses : « Il faut que…. ») opèrent par le mental. Par conséquent, il faut cesser de nourrir le mental en descendant et en restant au niveau de la sensation et du ressenti corporel.

Une bonne manière de dépasser ces blocages est aussi l’utilisation de la grossièreté et de l’insulte. S’il existe un moment intéressant où ressortir tout ce attirail coloré et inventif, c’est bien là…. Soyez grossier-e-s pour évoquer la situation difficile que vous vivez, insultez joyeusement qui de droit sans ambage, ça vous aidera à franchir les barrières qui fait qu’on «prend sur soi…. ». Et , là vous ne ferez de mal à personne, vous ne blesserez pas le coussin ou la forêt… Non, vous n’êtes pas une mauvaise personne si vous insultez qui de droit dans un coussin, vous êtes un-e adulte qui prend soin de ses émotions en leur accordant un peu de temps… et pouvoir entendre ce qu’elles ont à vous dire par la suite….

Qui plus est vous vous ferez le plus grand bien : au-delà de réduire la tension psychique, vous recontacterez aussi votre énergie vitale avec le plus grand bonheur…. Ça doit être aussi un moment joyeux, un moment de libération, un moment où l’on retrouve la joie ou la rage de vivre pleinement…

La décharge émotionnelle, mise en œuvre…

Un exercice dénommé « Le Cri du Cœur », décrit dans un autre article du même nom ( « Le cri du cœur »»), permet de mettre en œuvre cette technique de libération émotionnelle.

Comme pour d’autres exercices d’expressions ou de décharges émotionnelles, je conseille souvent de terminer par un exercice qui permet de « redescendre », de se poser en soi, comme une sorte de conclusion ou de fermeture de l’exercice.

Quand vous avez crié ce ce qui devait être crié en ce jour, faites ainsi 5mn, ou plus selon vos besoins, de cohérence cardiaque qui, en vous mettant dans un état parasympathique (de détente et de ressource), vous permettra d’intégrer le fait d’avoir dégager toutes ces tensions émotionnelles et facilitera la compréhension de ce qui est en jeu pour vous de ces situations de tension. Nous avons mis en ligne un article sur cette technique de cohérence cardiaque avec le support audio que vous pouvez télécharger. Vous retrouverez tout ceci ici : Exercice de cohérence cardiaque.

Une fois la tension émotionnelle évacuée par cet technique de la décharge émotionnelle, vous serrez également plus à même d’écouter les sensations ou émotions présentes et vous donner la capacité d’en intégrer l’information. Votre conscience ainsi nourri-e par cette information, votre mental pourra élaborer une stratégie d’action enfin pertinente pour faire face à la situation compliquée initiale.



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