La méditation selon l’énergétique chinoise

Intérêt de la méditation

Dans nos sociétés occidentales, la méditation est souvent mal connue ou reliée de manière péjorative à une pratique étrangère à notre culture (boudhisme, Zen etc.). Dans une version plus « moderne », on la retrouve de plus en plus réduit à un simple cliché publicitaire (« être Zen ») pour des banques ou tout autre entreprise n’ayant que bien peu de lien avec son contenu d’origine.
Pourtant, la pratique quotidienne de la méditation apporte de nombreux bienfaits et est source d’un équilibre tant sur le plan physique, émotionnel ou psychique. Dans cet article, nous aborderons la pratique de la méditation selon l’approche de l’énergétique chinoise. La richesse (notamment spirituelle) et la multiplicité de cette pratique ne seront donc pas développées ici.



La méditation d’un point de vue énergétique

L’approche énergétique de la méditation permet de comprendre son intérêt et ses bienfaits. Selon le Tao, la santé et l’harmonie viennent de l’équilibre entre l’énergie Yang et l’énergie Yin. L’énergie Yang renvoie à une énergie active. Énergie du mouvement et tournée vers l’extérieur, c’est elle que nous favorisons et utilisons dans la journée lors de nos activités diverses (travail, sociabilité, famille…). C’est également elle qui est stimulée lors de toute activité mentale. Elle s’accumule dans le haut du corps et crée des tensions musculaires ou nerveuses lorsque nous « forçons » un peu trop. Selon la théorie des 5 éléments elle se réfère au Feu et au Cœur, organe Yang par excellence.

A l’inverse, l’énergie Yin est l’énergie du repos et de détente. Énergie tournée vers l’intérieur, c’est elle qui nous utilisons pour nous endormir et nous reposer la nuit tombée. Située plutôt dans le bas du corps, c’est l’énergie que nous nourrissons au travers de nos sensations corporelles, s’opposant en cela à l’activité mentale et à l’intellect. Elle se réfère, quant à elle, à l’énergie du Rein, organe Yin par excellence.



Une société occidentale très yang

Il ne faut guère réfléchir longtemps pour savoir quel type d’énergie favorise jusqu’à l’outrance la culture occidentale et urbaine dans laquelle nous vivons : la valorisation de la vitesse et du mouvement, de l’intellect et des activités économiques et sociales vont en effet toute dans le même sens, celle de l’énergie Yang.

La plupart des patient-e-s et des désordres énergétiques que je rencontre lors des soins de Shiatsu sont directement liés à ce sur-investissement de l’énergie Yang. Les problèmes de tensions musculaires, de problèmes de sommeil, de dos, la difficulté à se poser et à lâcher-prise renvoient en effet tous à ce phénomène. Être en mouvement, actif, avoir une activité intellectuelle, ressentir des émotions ou même avoir des périodes ponctuelles de stress n’est bien entendu pas problématique en soi. Ce qui l’est en revanche, c’est d’être constamment dans cette énergie et provoquer un déséquilibre permanent entre cette énergie et l’énergie Yin.

Ainsi, ce qui pose problème en réalité, c’est moins le fait d’être en permanence dans l’énergie Yang que de n’être jamais ou rarement dans l’énergie Yin. Dans cette situation, l’énergie Yang est en quelque sorte sur-nourrie alors que l’énergie Yin est elle délaissée et s’appauvrit, rompant ou accélérant le déséquilibre entre ces deux types d’énergie. Pour comprendre cela, il faut se référer à une des règles de l’énergétique régissant ces deux énergies : la règle du contrôle mutuel : le Yin contrôle le Yang et inversement. Si l’un trop faible, il ne va plus être en mesure de contrôler l’autre qui va devenir dominant et provoquer des désordres énergétiques s’exprimant par divers symptômes plus ou moins importants. L’insomnie en est assurément un des plus fréquents.



L’exemple des insomnies

Pour bien comprendre ce processus, prenons donc l’exemple de l’insomnie. L’énergie Yang domine la journée alors que la nuit l’énergie Yin domine et se ressource durant la nuit. Si l’on est démesurément dans l’énergie Yang dans la journée (travail intellectuel harassant, stress, sur-activité et émotions mal gérées), nous sur-stimulons l’énergie de mouvement Yang sans nourrir l’énergie de détente et de repos Yin. Le soir venu, le risque est de ne pas réussir à nous installer dans une énergie Yin, faute d’avoir été suffisamment nourrie. Ou bien, si l’on s’endort sans trop de difficultés par épuisement, le risque est de se réveiller durant la nuit, notamment vers 3-4 heures du matin (heure de plénitude du Foie, organe très yang lui-aussi), l’énergie Yin appauvrie se faisant en quelque sorte déborder par l’énergie Yang. A moyen terme, on se retrouve dans une situation dite de « faux-Yang » : le vide de Yin, épuisée, ne contrôle plus le Yang hyperactif qui s’exprime de manière inopportune en pleine nuit. C’est précisément cette situation que l’on retrouve chez les gens qui s’étonnent de ne plus réussir à se reposer tout en étant littéralement épuisés.



Et la méditation là-dedans ?

Dans cette situation récurrente et caractéristique de notre société hyperactive, la méditation apporte une solution réellement efficace. En effet, le propre de la méditation est de nourrir l’énergie Yin. Elle est en quelque sorte une pratique d’auto-production du Yin. La méditation permet donc de rétablir petit à petit l’équilibre entre l’énergie Yin et l’énergie Yang et de retrouver détente et santé. Voici en détail la position et le mouvement de base que l’on retrouve dans la plupart des pratiques méditatives.



Position

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Assis sur le bord d’une chaise – ou en position du lotus si vous tenez la position -, le dos droit, le sommet de la tête vers le haut comme suspendu par un fil (pour cela faites un petit double-mention en penchant très légèrement en avant tout en maintenant un étirement vers le haut). Les mains se superposent à plat en dessous du nombril, le trou formé par les deux pouces l’un sur l’autre se positionnant au niveau du nombril.



Mouvement de base

En vous concentrant sur la chaleur de vos mains, inspirez en gonflant uniquement le ventre. Si cela vous est difficile, inspirez en cherchant à repousser vers mains situées sous le nombril. A l’expire, laissez doucement rentrer votre ventre naturellement en cherchant une sensation de détente ou d’abandon. Ne cherchez pas à expirer avec efficacité ou volontarisme, mais bien plutôt avec douceur. Au bout de l’expire, patientez une ou deux secondes avant de reprendre un nouvel inspire. Cet arrêt du mouvement du ventre est très important à respecter pour l’efficacité de la méditation



L’image de la vague

Pour rendre cet exercice plus efficace, vous pouvez l’agrémenter d’une visualisation, celle du mouvement de flux et de reflux de la vague arrivant sur le sable.

A l’inspire, imaginez que votre ventre se gonfle telle la vague qui monte jusqu’à éclater. A l’expire, la vague s’étiole sur le sable comme si elle venait y mourir ou s’y abandonner. Pendant une ou deux secondes, elle semble même sans mouvement avant de repartir vers un nouveau mouvement de flux. Faites de même avant de reprendre une nouvelle inspiration. Continuez ainsi en harmonisant peu à peu votre respiration à ce mouvement de la vague.



Rester la conscience dans votre ventre

Même si, durant cet exercice, vous cherchez à bien rester dans votre ventre en y ressentant la chaleur de vos mains, vous mental va résister au lâcher-prise. Vous allez vous apercevoir de temps en temps que vous avez quitté la sensation de vos mains et que vous pensez à nouveau aux milles choses qui remplissent votre vie. Peu importe, ne nous énervez pas de cela, tout ceci est normal. Revenez plutôt tranquillement à la sensation de vos mains et considérez ces pensées comme des nuages dans le ciel que le vent emporte aussi vite qu’ils sont arrivées.
Peu à peu, au fil des jours, vous réussirez à demeurer dans votre ventre de plus en plus longtemps. Vous pouvez également sourire (physiquement) en développant des sentiments de bienveillance et douceur envers vous-mêmes durant tout l’exercice. Cela vous aidera grandement dans votre pratique.



Quelques éléments d’explication

Cet exercice de base mêlant respiration ventrale et concentration sur une sensation (chaleur des mains sur le ventre) va vous permettre de vous centrer en faisant descendre l’énergie dans le ventre où réside et se produit l’énergie Yin.

La respiration ventrale garantie une bonne circulation d’énergie dans l’ensemble du corps notamment en détendant le haut du corps où s’accumule généralement l’énergie Yang sous forme de tensions musculaires ou nerveuses. En vous concentrant sur la chaleur de vos mains, vous redoublez cet effet en amenant l’énergie dans votre ventre en y mettant votre conscience suivant en cela une autre grande règle de l’énergétique : « l’énergie suit la conscience ». Autrement dit, si je me concentre sur mon genou, il va y avoir un afflux énergétique sur cet endroit du corps. Ainsi, si je me concentre sur la chaleur de mes mains posées sur mon ventre, l’énergie va s’y diriger, notamment celle en surplus au niveau du haut du corps. La conjonction de ces deux principes dans la pratique de la méditation telle décrite plus haute est au principe de son efficacité.

Si l’on reprend la terminologie fondamentale du Yin (énergie de repos et de détente) et du yang (énergie de mouvement et de tension), cet exercice va renforcer l’énergie de votre ventre – zone Yin par excellence, au détriment de l’énergie yang, source de tensions et dont nous débordons le plus souvent. La restauration de l’équilibre entre le yin et le yang par cet exercice permet ainsi le lâcher-prise, le repos et plus généralement un bon fonctionnement de l’organisme tant sur le plan physique, psychique qu’émotionnel.



Quand pratiquer?

Le plus important est d’avoir une pratique régulière, même courte. Essayez de trouver le moment le plus propice pour vous. Le matin, avant que tout s’agite peut être le meilleur moment pour vous. C’est le plus souvent en fin d’après-midi en rentrant du travail, consacrant ainsi la coupure entre l’activité (yang, le mouvement) et les moments plus tranquilles (yin, le repos). Cela peut être encore juste avant de se coucher pour profiter au mieux du repos de la nuit. Mais on peut également le faire plusieurs fois par jours dès que possible ou dès que l’on en ressent le besoin (transport en commun, voiture, lors d’une réunion ennuyeuse, d’une pause, d’une insomnie, ou encore suite à un énervement, etc.).



Durée de l’exercice

Faites cet exercice au moins pendant dix minutes chaque jour la première semaine. Vous pourrez l’allonger aussi longtemps que souhaité par la suite pour arriver entre 20 minutes et une demie-heure. Un conseil : mettez une alarme ou un réveil pour ne pas vous soucier de la gestion du temps pendant l’exercice. L’intégrer dans votre vie sur un plus long terme vous aidera à prendre soin de « votre intérieur » et à développer une connaissance de vous-mêmes.



Échapper au mythe de la performance

Une des difficultés lorsque l’on commence ce exercice est de se défaire de cette volonté de réussir ce que l’on fait. Faites cet exercice sans y mettre autre chose que le simple (mais grand) plaisir de vous sentir vous détendre et la sensation tout aussi agréable d’être juste là.



La méditation et la gestion de ses émotions

Dans cet article, nous n’avons pour l’instant que peut aborder la dimension émotionnelle, pour laquelle la méditation est particulièrement efficace et utile. Pour ce faire, nous pouvons regarder rapidement comment appréhender les émotions selon la logique énergétique et la terminologie du Yin et du Yang. Dans un article sur le Foie, nous avons vu que celui-ci est considére comme l’organe des émotions. Lorsqu’une émotion nous traverse, le Foie en est affecté et s’agite à la hauteur de la force de l’émotion favorisant la montée de l’énergie vers le haut du corps. Cette énergie montante va alors agiter à son tour le Coeur. Ce dernier étant la demeure du Shen (c’est-à-dire la conscience selon l’énergétique chinoise), l’agitation du coeur entraîne celle de notre conscience. C’est ce qui explique la sensation de panique ainsi que notre incapacité à réfléchir calmement dans cette situation.
En résumé, lorsqu’une émotion forte nous traverse, elle entraîne une montée de l’énergie vers le haut du corps, d’où les sensations de chaleur à la tête, l’empourprement du visage, voir parfois des maux de tête qui ainsi peuvent subvenir dans ces cas-là.


La réaction la plus commune est de chercher à empêcher la montée de cette émotion en contractant le haut du corps. Réaction instinctive mais pas très efficace puisque qu’en bloquant la circulation énergétique, on maintient, voire on accentue, la densité énergétique dans le haut du corps, source de notre difficulté à faire gérer ces émotions.

Pour un certain nombre d’entre nous, cette situation n’est pas que passagère. Face à ces montées émotionnelles récurrentes, on en vient alors, presque inconsciemment, à maintenir ce blocage en permanence comme pour prévenir l’arrivée de nouvelles émotions dérangeantes. Peu à peu, les tensions musculaires et nerveuses s’accumulent et deviennent permanentes. On se ferme alors à ses émotions perçues comme menaçantes et on réduit les échanges avec l’extérieur, lieux d’origine le plus souvent de ces émotions qui nous traversent. Le corps régule alors cette accumulation d’énergie comme il peut, le plus souvent par à-coups échappatoires comme les montées subites et inappropriées de colère ou de manière plus continue et « sournoise » par un état permanent d’anxiété ou d’agitation.


Une autre stratégie beaucoup plus efficace tant sur le corps terme que sur le long terme est de chercher à freiner la montée de ces émotions en densifiant l’énergie dans le bas du corps (énergie Yin) qui en quelque sorte va servir de contre-poids à ces montées émotionnelles. C’est ici qu’intervient la pratique de la méditation.
Comme nous l’avons vu, celle-ci tend à renforcer l’énergie Yin dans le bas du corps (le ventre). Autrement dit, en pratiquant la méditation, nous déplaçons la densité énergétique de notre corps vers le bas et freinons par là-même ces montées émotionnelles intempestives.

L’avantage de la méditation est non seulement de réduire ces montées mais peut-être d’abord d’éviter de bloquer nos émotions. Nous pouvons dès lors les aborder avec plus de sérénité. Nous pouvons les écouter, comprendre ce qu’elles nous racontent sur notre état, sur notre façon de réagir, sur notre rapport à l’extérieur. Bref, nous pouvons nous en nourrir et non plus les craindre. Réside ici la principale source de sérénité qu’il nous est donner d’atteindre…




8 thoughts on “La méditation selon l’énergétique chinoise”

  • bonjour, je souffre depuis 11ans de crise d’angoisse avec depersonnalisation et mon accuponcteur me dit que je n arrive pas a me ancrer dans le terreet que tout ce qui se situe en haut doit descendre et que c’est le foie et la vesicule biliaire, mais le probleme c’est que ca ne gueri pas et ce depuis 3ans que je le consulte je suis perdu, comment me debarrasser de ceci?
    au plaisir merci

  • Tu as surement eu je le souhaite des réponses à ta question du 4 octobre

    les crises d’angoisse bloque le plexus solaire avant

    deux choses essentielles à faire: pratiquer un sport qui te relie à la terre le qi gong est pour moi le plus efficace

    ensuite connaitre les huiles essentielles qui peuvent te soulager: une seule goutte sur le plexus solaire tous les soirs de cumin et une autre de néroli ou petit grain ( feuille de l’oranger)permettent un meilleur sommeil, de la détente

    Si tu veux tu peux me dire ce que tu as mis en place et ce que cela produit

    Porte toi mieux

    Armelle OLIVIER

  • Bonjour Laurent

    Je n’ai pas de question cependant j’aimerai exprimé mon réel plaisir de découvrir votre site ainsi que les conseils .
    je le trouve simple, aéré, claire avec bon sens et prenant en compte la réalité de nos vies avec beaucoup d’humilité et de compréhension.
    qui je suis, une simple personne qui a suivi pendant 5 ans une formation shiatsu thérapeutique à Paris – Elève de bernard BOUHERET
    Voilà voilou
    Bonne continuation et bien à vous
    Sandra

  • Bonjour,j’avais moi aussi des crises de panique et d’angoisse. Je prends du magnesium, et un léger traitement pour la dépression.Il ne faut pas hesiter à faire de la méditation car cela calme beaucoup.
    Je me porte beaucoup mieux depuis et je revis. Marie

  • Bonjour,

    Pour faire très simple, je suis une grande angoissée de la vie. Depuis plusieurs semaines, je me réveille brutalement vers 4 heures. Je ressens une grande tension musculaire au niveau des trapèzes ainsi qu’une sorte des petites decharges dans le corps, une agitation extrême avec une envie de casser quelque chose.
    Cela m’inquiète énormément. La psychiatre qui me suit me dit que ce sont des crises d ´ angoisse révélant un énorme stress. J’ai peur que ce soit plus grave : démence précoce ou tumeur du système nerveux.
    Merci de m’aider.

  • Merci pour cet article très clair au niveau des explications avec un exercice de méditation facile à mettre en oeuvre

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